Histoire de l’Abbé Lainé, vicaire de Plourin

Histoire de l’Abbé François Lainé, vicaire de Plourin 1737-1798

François Lainé est né le 19 novembre 1737 au manoir de La Tour.
Il est Fils de François Lainé (1710-1741) et Jeanne Pellen.

Il est ordonné prêtre le 10 avril 1762, vicaire de Plourin de 1777 à 1798 (sa mort) ; prêtre réfractaire, insermenté. Riche des biens de la terre, après la mort de ses parents il fait bâtir une maison à Vilaren tout près de Rudoloc (une nièce vit encore dans cette maison quand Banabès devient vicaire de Plourin en 1864).
Autre version possible : il habite depuis 1770 une maison du bourg, Ty-Corn, que son frère Yves lui avait acquise.

Il se retira à Vilaren en 1792. Etant insermenté, on venait le chercher quand le prêtre assermenté était absent. Il allait à l’église pour baptiser et écrivait « ne faire cela que par nécessité » car il avait peur du gouvernement.

Frère de Yves Lainez (1740-1802), époux de Marie Jestin.
Yves Lainez et Marie Gestin afféagèrent en 1770 la métairie et le moulin nobles de Lanrinou
Et en 1783 ils acquirent le domaine de Kermaïdic.

Yves Lainé vint au bourg (d’autres versions disent à Saint-Renan…) pour vendre deux sacs « coezellad » de grain.
Or la Nation avait promulgué une loi interdisant de se servir de l’argent et de la monnaie d’autrefois pour payer les marchandises (loi du 22 avril 1790) ; il fallait payer en papier monnaie de la Nation ; et le contrevenant pouvait donc s’attendre à être condamné au bagne.
Yves Lainé connaissait-il cette loi ? Pour ces deux sacs de grain il reçut de l’argent ancien ; et une « bonne » âme de la commune, un certain Gac du bourg, et autres chenapans, lui sautèrent dessus et le dénoncèrent.
Il fut envoyé à Brest, condamné à 10 ans de fer au bagne le 16 juin 1794..
A cause de son grand âge on lui confia la charge des malades. Il s’attira les sympathies si bien qu’après sa mort on l’appelait « Le Père Lainé ».
Il mourut au bagne vers 1802. Son corps fut racheté par Jean Lainé son fils et enterré à Plourin.
Ce fut un gros chagrin pour François Lainé.

Yves Lainez et Marie Gestin eurent un fils, Yves, et deux filles dont Marie-Françoise.
Autre malheur dans la famille : une femme de Porspoder vint habiter au bourg de Plourin, Le Masson, connue sous le nom de « Dimezel ar goulou rouchin » : la demoiselle à la chandelle de résine. Elle habitait la maison attenante à l’Hospice où elle tenait une boutique de « marchandises » : poivre, sel, chandelles de résine…
Quand les soldats de Brest venaient chercher les prêtres qui se cachaient dans la paroisse, elle dévoilait leur cachette. Elle dénonça Marie Françoise Lainé, nièce de François, qui prenait soin des nécessiteux de l’Hospice.
Marie Françoise Lainé était religieuse au couvent des Ursulines à Saint Pol de Léon quand arriva la Révolution.
Jetée hors du couvent le 9 mars 1792, elle vint se réfugier à Plourin. Son frère, Yves Lainé de Kerenneur, maire de Plourin, la nomma supérieure de l’Hospice.
Après la dénonciation de la femme Le Masson, elle fut envoyée à Brest dans la prison des Carmes. Elle en perdit la raison. Et quand elle mourut, sa tête fut placée dans le reliquaire de Sainte-Anne.

François Lainé de son côté allait de maison en maison, de manoir en manoir, de La Tour à Lanrinou, de Kermaïdic à Roudous an aour, au manoir de Kerrener…
Il tomba malade chez les Leaustic de Kermaïdic où il mourut vers 1798…
Sur son lit de mort il prononça la phrase : « En han’Doue ne gassit ket va c’horf var en ent bras » : « au nom de Dieu, ne jetez pas mon corps sur la grand route ».
Il fut enterré dans la chapelle Sainte-Barbe du jardin de Kermaïdic.
Le bruit de cet enterrement se répandit. Les gens du manoir eurent peur, ils déterrèrent le corps et le portèrent au cimetière de Larret. Déterré à nouveau, il fut porté chez Jean Lainé au manoir de Lanrinou. Jean Lainé creusa une cave sous son tas de fagots et y enterra son oncle, qui y resta 7 ans.
En 1805, quand cessa la guerre faite à l’Eglise, François Marie de Kersauson, recteur de Plourin (de 1788 à 1810), fit faire la levée du corps pour le porter en terre bénie, au cimetière de Plourin, à l’abri de la croix, dans la tombe qui porte un calice et qui est située contre le mur sud du bas de l’église.

La famille Lainé est toujours propriétaire de Lanrinou.