Dépendances de l’abbaye de Saint-Matthieu dans le nord-ouest du Léon
Sortie historique du 8 août 1997 – préparation : M-C Cloître, compte-rendu Gurvan Le Guen.
Vers 10 heures, 34 personnes étaient rassemblées au point de départ de cette nouvelle sortie historique, au carrefour de Brélès. De là, notre caravane de véhicules s’ébranle en direction de Lochrist, en Plourin-Ploudalmézeau, ancienne dépendance de l’abbaye de Saint-Mathieu et première étape prévue pour la journée.
Le château de Kergroadès
Après être passés devant le château, bel édifice du début du XVII éme siècle, une brève halte nous permet d’observer les anciennes fourches de justice de Kergroadès. Retrouvées en 1963 à Kervéat, couchées dans le fossé d’un champ appelé Park ar Justisou ou Park ar Justis ( champ de la justice), ces colonnes de pierre qui ont été relevées – et complétées pour la compréhension de l’installation- sont depuis 1992 placées en bordure de la route qui mène vers Lochrist. Entre ces colonnes de pierre, des poutres servaient de gibet, symbole autant qu’instrument du droit de haute justice que possédaient les seigneurs de Kergroadès. De tels piliers sont encore visibles en de nombreux endroits, notamment au château de Kerjean, en Saint-Vougay.
S’il est fort improbable que les deux stèles christianisées aujourd’hui appelées « Gibets des moines » aient eu le même rôle, leur nom rappelle cependant qu’il a dû exister à Saint-Mathieu quelque chose de semblable, au lieu anciennement dit : Creac’h ar Justis, au sud de Saint-Marzin. En effet on sait que les abbés avaient droit de basse, moyenne et haute justice ; leur compétence allait donc des affaires mineures au droit de statuer sur celles pouvant entraîner une condamnation à mort.
Le prieuré de Lochrist-Plourin
De l’ancienne chapelle de Lochrist (Plourin) il ne reste rien ; seules quelques pierres ont été retrouvées. On peut se demander si le champ, non loin de là, appelé Poul al Lec’h ne garde pas trace de la source qui, comme c’est le cas pour la plupart des chapelles, devait exister à proximité. Un champ de maïs occupe en tous cas aujourd’hui la parcelle n°262 dans laquelle le cadastre de Plourin (1850) situe la chapelle, au milieu de son cimetière. De l’autre côté de la route, les vieux bâtiments de la ferme conservent très peu d’éléments architecturaux de l’ancien manoir prieural, ex : des boulins ( niches pour pigeons ) situés sur le pignon d’une grange, dans le jardin près de la maison neuve, la base massive d’un calvaire et un fragment de remplage d’une fenêtre de la chapelle disparue.
Lochrist fut probablement prieuré, au moins jusqu’au début du XIVème siècle, avant d’être supprimé et ramené au rang de simple chapelle, le titre de gouverneur, donné au prêtre desservant, remplaçant alors celui de prieur. Cité comme « Prioratus de Plebe-Rin » ( prieuré de Plourin ).dans le Pouillé.( inventaire des bénéfices ecclésiastiques ) de l’archevêché de Tours en 1330, il est absent des comptes en 1467.
L’Inventaire des titres originaux de l’abbaye de Saint-Mathieu cite Lochrist de Plourin à plusieurs reprises, notamment lorsqu’en 1460, les religieux s’opposent à l’accaparement des communs » qui sont autour de Lochrist-Plourin » par un certain Yvon Mayeux ; ou encore lorsque, par un acte daté de 1510, l’Abbé et les religieux accordent aux dames de Kerléan et de Kerhuon, le droit de tombe et sépulture dans la chapelle, ainsi que d’y faire mettre leurs armes, contre une rente de 15 sols.
L’Inventaire mentionne aussi des baux, consentis à des particuliers, par les religieux, tout au long des XVI° et XVII° siècles et qui concernent la métairie avec ses appartenances et dépendances. Lochrist est également mentionné dans un aveu de 1506 et, à la Révolution, le convenant (ferme) et la maison noble de Lochrist figurent dans les dépendances de l’abbaye devenues biens nationaux.
L’Inventaire des titres originaux de l’abbaye de Saint-Mathieu cite Lochrist de Plourin à plusieurs reprises, notamment lorsqu’en 1460, les religieux s’opposent à l’accaparement des communs » qui sont autour de Lochrist-Plourin » par un certain Yvon Mayeux ; ou encore lorsque, par un acte daté de 1510, l’Abbé et les religieux accordent aux dames de Kerléan et de Kerhuon, le droit de tombe et sépulture dans la chapelle, ainsi que d’y faire mettre leurs armes, contre une rente de 15 sols. L’Inventaire mentionne aussi des baux, consentis à des particuliers, par les religieux, tout au long des XVI° et XVII° siècles et qui concernent la métairie avec ses appartenances et dépendances. Lochrist est également mentionné dans un aveu de 1506 et, à la Révolution, le convenant (ferme) et la maison noble de Lochrist figurent dans les dépendances de l’abbaye devenues biens nationaux.
Dans le bourg de Plourin, M. Corolleur, passionné d’histoire locale, nous montre des pierres sculptées : fragment de statues, armoiries et un morceau d’une Trinité en bois, dont le visage du Père céleste est assez bien conservé, qui proviendrait de Lochrist. M-C Cloître nous signale en passant l’ancien hospice dont il subsiste le corps principal du logis, flanqué d’une tour à poivrière. Fondé en 1701 pour les pauvres de la paroisse par Robert de Kergroadès, selon le testament de son oncle François de Kergroadès, il abrite depuis 1983 la mairie de Plourin.
Controverses
Il existe une controverse à propos des trois Lochrist du Léon, ( Lochrist, lieu consacré au Christ) à savoir l’ancienne trève de Plougonvelin, aujourd’hui rattachée à la commune du Conquet et les deux Lochrist de Plourin et de Plounevez.
Une confirmation de 1158 par Josse archevêque de Tours, des biens possédés par l’abbaye Saint-Melaine de Rennes dans le Léon, cite un Locus Christi mais sans localisation précise. Les trois localités dépendent par la suite de Saint-Mathieu, mais l’attribution d’un prieuré en Léon à un monastère de Rennes et non à l’abbaye proche pose des questions sur l’importance ou l’ancienneté de cette dernière.
S’il est fort peu probable qu’il s’agisse de Lochrist en Plougonvelin, trève et non prieuré, un doute subsiste entre les deux autres. J-P Soubigou penche pour celui de Plourin plutôt que pour celui de Plounevez, comme l’affirmaient plusieurs.