La Pietà

La Piétà, chef-d’œuvre de sculpture des ateliers des frères Prigent, située dans l’enclos paroissial, provient de l’ancienne chapelle de Kerizaouen.

50 paroisses leur ont commandé des œuvres en Léon, Cornouaille, Plougonven en Trégor
Landerneau, l’Elorn : liaison avec l’Océan et la rade de Brest, les filons de Kersanton ; l’Elorn franchissable, liaison avec Lesneven, Morlaix…port d’expédition des toiles de lin à partir du 15ème
d’où l’essor de 3 grands ateliers :

  • Bastien et Henri Prigent
  • les Maîtres de Plougastel
  • Roland Doré

Trait commun aux 2 Prigent : un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire (et sur les joues de Jean) ; voir le don des larmes
style médiéval+ modernité dans les vêtements. visages rectangulaires caractéristique de Bastien ainsi que les voiles coqués des saintes femmes.

La piétà à 6 personnages de Plourin

Pietas : sentiment du devoir à accomplir envers les dieux, les parents, amour respectueux
Selon l’Evangile une Piéta : Les 3 Marie et Saint Jean
Marie en Mater dolorosa pleurant sur le Christ avant la mise au tombeau

  • La Vierge au milieu assise les mains jointes
  • à gauche Jean le « préféré » maintient la tête du Christ
  • à droite une sainte femme lui touche les pieds un pot à onguent devant elle
  • à l’arrière Madeleine de Magdala reconnaissable à ses cheveux enroulés dans un bandeau et coiffés d’un turban
  • de l’autre côté la 3ème Marie en prière, sœur de Marie, femme de Cléophas
  • sur le socle les commanditaires : un blason mi-parti d’un croissant accompagné de 3 coquilles : famille Pilguen de Kerizaouen, époux d’une Le Moyne
  • Pilguen de Kerizaouen, de Kermeidic, de Plourin, de Lanrivanan de Plouguin de sable au lion léopardé d’argent

la Piéta provient de l’ancienne chapelle de Kerizaouen dédiée à Notre Dame de Piété

Emmanuelle Seach, Sculpteurs sur pierre de Basse Bretagne, Rennes 2014
La statue de Saint Pierre à Porspoder : Maître Bastien Prigent Kerenneur ( Olivier Moal).

Le don des larmes

Anne Lécu, religieuse, médecin en prison, auteur de l’essai Des larmes (éditions du Cerf)

« la vie vallée des larmes, heureux ceux qui pleurent ils seront consolés
on pleure beaucoup dans les Ecritures : le Christ pleure, les Grands saints, les grands mystiques
les larmes un cadeau, signe d’une présence, d’une libération, d’une conversion.
les médiévaux disaient qu’elles lavaient les yeux quand on a la vue troublée par les larmes on voit des choses qu’on ne voyait pas avec les yeux secs.
Elles sont un antidote à la transparence ( en opposition avec notre époque où l’on veut tout voir sur tout, notamment en prison…) »

Le pape François, en 2015, a invité à solliciter le don des larmes.

le don des larmes au Moyen Age un instrument spirituel en quête d’institution, Vème XIIIème siècle par Tiroska Nagy Albin Michel Paris 2000.

« Apparaît parmi les Pères du désert à l’origine du monachisme les pleurs don de Dieu
La dévotion verticale qui correspond à une relation directe de l’individu avec Dieu
s’oppose à une dévotion horizontale : organisation des chrétiens sous le contrôle de l’église ; pas de place aux larmes

Valorisation des larmes au 11ème dans le milieu monastique en Italie du Nord et Mont Cassin, restés longtemps en contact avec la spiritualité byzantine plus tolérante à l’égard des larmes que l’Église d’Occident.
Au temps du schisme de 1054 avec Byzance, la spiritualité orientale est présente par le don des larmes.
Au 12ème les deux tendances s’opposent et au 13ème valorisation ou dévalorisation des larmes.

P.Nagy nous montre que l’histoire du don des larmes est un élément essentiel de compréhension de la spiritualité de l’occident chrétien. «