La vie à Streat Ledan

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La vie à Streat Ledan

Publié le 8 septembre 2018

La vie à Streat Ledan racontée par « Tonton Joseph » prêtre, oncle de Guy Bougaran

La maison a été bâtie en 1864. Les pierres proviennent de la maison en chaume et de la chapelle Saint-Charles, chapelle édifiée par les seigneurs de Kergroadès en 1644 : les ruines avaient été achetées par le grand-père et les Mazé de Lilouarn. Poutres et charpente du toit ont été fournies par six gros chênes de Kergroadès.
Le dernier chapelain de Saint-Charles avait prêté serment à la Constitution. Il était natif de Ploumoguer.
La ferme a été habitée par des Quéméneur au 18ème siècle. Un fils devint prêtre. Je ne suis pas le seul à en être sorti !
Succédèrent des Poullaouec qui étaient étalonniers.
Elle était propriété de la famille Léaustic de Guernévez et Françoise succéda à un oncle quand elle se maria à Jean-René Bougaran. Cette Françoise avait dû recevoir une bonne éducation chez les Ursulines de Morlaix.
En 1931, malade d’une pleurésie, j’ai lu une Histoire de Pologne, magnifiquement reliée, qu’elle y avait reçu comme prix.
Sa sœur Marguerite épousa Guillaune Jacob (parrain de mon père) qui fut maire de Lanildut conseiller d’arrondissement (mort en 1919).
Son frère, Tonton Yann an Eostig s’établit à Guernevez-Bohic et bâtit une maison jumelle avec sa sœur qui avait épousé un Corolleur.
Je ne crois pas me tromper en disant que des Léaustic firent aussi alliance avec des Quéméneur de Kerroump, des Jacques la Haye (Milizac), des Gélébart de Pont-Arnou, des Jacob du Roudous.
Un premier achat de la ferme se fit en 1910-1911, puis un deuxième par mes parents le 12 mars 1924, enfin par mon frère Pierre en 1970.
C’est le grand-père qui avait planté l’allée de châtaigniers qui y conduit.
La construction de la maison avait coûté 6000 francs-or. La grange couverte en briques rouges date des années 1880. Mon père recouvrit des mêmes tuiles les crèches dont l’un des linteaux porte l’an 1777.
En 1924 il remplaça le chaume qui couvrait le ty-forn coz.
La surface de l’exploitation, plus grande qu’aujourd’hui à cause des champs loués, était en principe équivalente de chacune des fermes Kernevez. Voici le nom des champs qui en faisaient partie :

  • Liorz-ty-Vic…
  • Park ar C’houmou
  • Mez-ar-C’hoat
  • Park Moelleig
  • Goarem-Morel
  • Goarem-Gorn
  • Park-antTraon-Will
  • Goarem-Gorn
  • Goarem-Greiz
  • Goarem-ar-Strat-Hellez
  • ..an Toull-Mengleuz
  • Park-Moan-Warlaez
  • Goarem-Vihan dosta
  • Goarem-Vian-be…
  • Park ar Bud
  • Kergunudou-dosta
  • Kergunudou-bella
  • Liorz-ar-Chapell
  • Mez-ar-areg ?
  • Park-Kreiz
  • Bezoc
  • Chardin-ouz-traon
  • Lannog ar-Veleien
  • Lannog-ar-Ga…
  • Prat-Kear
  • Foennog-Vihan
  • Foennog-Vras
  • Goarem-an-Tu-all d’ar Prat
  • Mez-an-Ae bella
  • Mez-an- Ae dosta
  • Park-Moan-ouz-Traon.

Après remembrement l’étendue est d’environ 16 hectares.

Dans mon enfance, quel était l’ameublement de la maison ? Le sol était en terre battue. A la cheminée cuisaient deux grandes marmites où l’on cuisait de la nourriture pour les bêtes. Sur le foyer l’après-midi l’on voyait la marmite où cuisaient lard, far, légumes ; à côté on chauffait le café. La marmite à soupe était ramassée tous les soirs, et pour midi, suivant le jour, prenaient place le podez (ou bodez) pour la bouillie, le pouloud pour le ragoût, plus souvent le chaudron de patates.

Note : j’ai recopié de mon mieux des pages où la bordure est incomplète.
j’ai voulu recopier les noms bretons des parcelles-même avec des erreurs ou des manques pour un futur ou une future chercheuse du patrimoine

Petite note sur l’origine du patronyme Bougaran :
étoffe dont on se servait pour fabriquer les vêtements : le Bougran du vieux français Bogerant : étoffe de lin fabriquée en Grèce et en Orient, notamment à Boukhara, d’où elle a pris son nom. Selon Larousse :  » Ce bougran, aussi fin que la batiste, est le byssus des écrivains des croisades. On imita cette toile, et d’une manière de plus en plus grossière, jusqu’à l’amener à la consistance d’un piqué de coton. C’est au 16ème siècle que le bougran devient cette toile épaisse qu’on apprête avec la gomme, qui est lustrée et sert à soutenir, comme carcasse, les pièces de vêtement et de tapisserie. »
Le Breton en a fait bougaran, et ce terme se retrouve dans le patronyme BOUGARAN.
source : Dictionnaires des noms de famille bretons de Albert Deshayes et Le Chasse-Marée-Ar Men 1995

Quelques petites notes prises lors de ma visite chez Guy Bougaran :
Il vit à Streat Ledan depuis 1982. Il y a deux fours à pain dans la propriété. Un puits près de la maison. Dans la cuisine à droite de la cheminée : une curiosité : la niche pour l’eau.
(il serait intéressant d’avoir une photo…) Au-dessus de la porte d’entrée, la pierre « papale » vient de Saint-Charles. Les voisins de Guy Bougaran habitent la collégiale de Saint-Charles qui date de 1644. Près de cette collégiale un beau puits

La belle allée d’arbres qui borde la route a été plantée par son arrière-grand-père. Les colonnes de justice ne se trouvaient pas à l’emplacement actuel. Guy Bougaran a trouvé et sauvegardé une dormeuse de moulin, d’un moulin qu’il faudrait chercher. Il y a un chemin menant à un lavoir dans la propriété Tartu. Près de la maison se trouvent des pierres plantées pour rééquilibrer le terrain.

Guy Bougaran, premier fermier BIO de Plourin, a trouvé un jeune pour reprendre l’exploitation et poursuivre en Bio. Des jeunes lui ont dit : « vous êtes un référent pour nous ». J’encourage les chercheurs et chercheuses du patrimoine de Plourin à se rendre ainsi chez les habitants, à les écouter : ils ont tant à nous apprendre !

Muriel

document cadastral, 3 P 209/1/7 Section B 2 de Saint-Charles