Le moulin de Kergadiou

Transcription des images

LE MOULIN DE KERGADIOU :

Retour de visite (15 07 2017) et conjectures
Des marques nombreuses :
• protection divine autour de la porte / fenêtre du moulin, des croix, une en haut à gauche, une à l’intérieur du piedroit à gauche, une en haut à droite (pê avec IHS), semble désormais classique (observé sur les photos de la porte de Belair par Jos Saliou, au moulin de Kerengar, au moulin de Kerizaouen Plourin (photos JS)

un nombre (une date ?) « 90 » avec un point au centre du 0, sur une pierre de nature géologique différente, quel autre sens (mesure ?)

• une date à l’intérieur sur le mur pignon du nord à mi-hauteur : « F 1811 », creusé, avec un cartouche, et sur une deuxième pierre à droite « I K » : hypothèse d’un meunier qui a rebâti ou restauré le moulin à cette date. Tenté de lire Jean Kérébel, fermier de Kergadiou, mais avant la révolution !

• des marques peu lisibles (séries de cupules ? croix mutiples ? monogramme du Christ IHS ?), sur le piedroit droit de la petite fenêtre

• 3 cupules en triangle sur le linteau de la porte du sud, avec un creusement en diagonale à gauche du linteau, signes de récupération ou signification mystérieuse (trinité ?) ou utilitaire

• Tous les linteaux doublés en bois, plus ou moins bien conservés, possibilité de dendrochronologie…
• Aspect des ouvertures de la façade est appellent le 17e par leurs chanfreins, volume et proportion de la porte / fenêtre rappellent celles de la fenêtre de la chapelle du manoir.
• Autre élément de datation ancien, les pierres d’assise des rampants en forme de parallélépipèdes, au moins deux encore en place sous le lierre au nord, et deux qui gisent au pied du mur pignon nord, en général plutôt du 16e siècle.

• Par contre, les murs ont été surélevés ou reconstruits d’après la pauvreté des deux dernières rangées de chainage d’angle au nord, avec réutilisation maladroite des pierres d’assise des rampants, les moellons sont peu taillés.
• Le mécanisme : deux superbes meules en pierre de Rouen (calcaire) encore en place, sur des linteaux massifs de granit, peu taillés et calés avec seulement quelques pierres, axe de la pirouette toujours en place, l’allure générale des pièces en métal fait penser au 20e siècle. L’absence d’autres pièces de bois du mécanisme (coffrage, trémie, évêque…) fait penser à un démontage ou une récupération avant ou après l’abandon. De nombreuses pièces de bois creusées de mortaises dans les murs intérieurs devraient permettre une reconstitution hypothétique. Gigantesques dalles de schiste au fond, ressemblent à des portes de vannes… Magnifique canal monolithe d’amenée de l’eau à la pirouette, et belle construction en courbe des parois sans doute pour favoriser la rotation. Belle ouverture en plein cintre pour l’évacuation de l’eau.

• Question : le moulin a-t-il connu deux techniques, la pirouette (milin krufel ou milin toul) et une roue à l’extérieur, plus tard abandonnée. A l’appui de cette hypothèse, la présence d’une ouverture au pied du mur nord, parfaitement ronde et remarquablement encadrée de pierres de taille, encombrée aujourd’hui comme si on avait voulu la boucher maladroitement. Cette ouverture n’aurait-elle pas pu être le passage de l’axe de rotation d’une roue à l’extérieur ? La présence du contrefort massif à l’angle nord-ouest pour compenser les efforts sur la roue et le mur ? Problème : deux système en même temps, ça existe (moulin de Belair 1657 par exemple, moulin de Brézal) mais du même côté ???

Les archives attestent le moulin sous la Révolution, et en donnent la mesure :
13 messidor an 4 (01 07 1796)
Le manoir de Kergadiou, grand corps de logis couvert d’ardoise consistant en une cuisine et deux salles au rez de chaussée, trois chambres au dessus au premier étage, un grenier au-dessus, un escalier pour leur fréquentation, une latrine au bout du couchant, 100 pieds de long, 24 large, 17 de haut, grande cour close au nord, puits y étant, une cave voutée au levant de la maison sous le pavillon ayant 11 pieds de long et autant de large en dedans, une longère de crèche dans la dite cour au levant divisée en trois par deux pignons, 95 pieds de long sur 21.5 de large, et 14 de haut, autre longère au couchant consistant en écurie et remise aussi séparée en 3 par 2 pignons, 73 p de long x 18 x 17
Une chapelle au couchant de la cour bout du nord : 24 x 16 x 15
Un pavillon au couchant de la chapelle, 24 x 12 en dedans
L’aire au midi des édifices, lesquels sont tous couverts d’ardoises, une grange couverte d’ardoise au couchant de l’aire : 36 x 17 x7, vaux au nord, issue au couchant dans laquelle se trouve qq mazières
Un jardin muré au midi de l’aire dont une partie des tombés (manquent des mots)
378 cordes

Un parc ar chapel, deux parcs alec bian et alec bras (menhir ??)… jardin al couldry et le colombier y étant… goarem ar mean hir terre froide… une maison couverte d’ardoise avec le moulin y étant, 22 x 18 x 6 (du côté de la chaussée), la chaussée au levant du dit moulin, étang et queue de l’étang au levant de la dite chaussée, une longère de terre froide au midi contenant en tout 300 cordes

Un pré fauchable au couchant du moulin et de la chaussée, divisé en deux par un turon, douet à laver y étant près la chaussée, ayant ses fossés tout autour excepté au couchant, contenant 440 cordes

Estime au pied de 1790 que le tout donne un revenu de 150 L par an, soit multiplié par 18 d’après la loi donne un capital de 2700 L
26 03 1788
Bail du manoir de Kergadiou par Me François Barbier, procureur fiscal de Lescoet Coatmeur, de Pdmz, procureur de haut et puissant seigneur César Hypolite Jean Baptiste René de Carné, marquis de Coetlogon etc., à Yves Trébaol et Marie Jeanne Botorel sa femme, Guillaume Botorel et Marguerite Trébaol la sienne, du manoir de Kergadiou en Plourin
Afferme pour 9 ans à la St Michel 1797 !! jusqu’en 1806, le manoir et le moulin avec les suret ?? et détreignables d’icelui, pour 600 L, entretiendront la couverture en gleds de la grange nouvellement construite sur l’aire… Jacques et Jean Kérébel précédents fermiers
Le seigneur de Carné se réserve l’entière disposition des bois taillis qui sont au dessus de l’étang, de ceux de décoration et de pavillon du dit manoir haut et bas, de la chambre sur terre au bout du corps de logis opposé aux remises à carrosse et des en haut ? des bâtiments en entier, excepté néanmoins du grenier au-dessus de l’aile droite de la cour, desquels les preneurs jouiront conditionné que la cuisine et la cour seront vidés au dit seigneur de Carné, pendant le temps qu’il sera au manoir, pour ses recettes et ses affaires, ce que le preneur lui fourniront lors deux charretées de bois de chêne à feu, deux charretées de foin, la paille nécessaire pour la litière de ses chevaux et deux boisseaux d’avoine à la mesure de SR, et les années que le seigneur ne fera point sa recette au dit manoir de Kergadiou, ou n’y viendra point, ses fermiers lui paieront trois livres la charretée de bois, 6 celle de foin, et l’avoine à raison de 40 sols le boisseau, le tout outre et sans diminution du prix annuel convenu, au cas ou le dit seigneur présent au manoir ait besoin de plus fortes provisions des trois espèces de denrées ci-devant, les fermiers seront tenus de les lui fournir au prix ci-dessus fixé, de plus ces derniers fourniront au dit seigneur les légumes nécessaires du jardin et se chargent du soin de la chapelle, de blanchir le linge lorsque en seront requis par le chapelain et des ornements par compte, comme aussi les preneurs nourriront les ouvriers qui seront employés aux réparations locatives des dits manoirs et moulin de Kergadiou, et les pigeons dans le colombier, desquels ils fourniront au dit seigneur pour l’usage de sa table, à trois sols le couple.
1 Q 582, Expertise des biens nationaux, Plourin Ploudalmézeau

Donc les dimensions : 22 x 16 x 6 pieds, 7,15 x 5,2 x 1,95 mètres, en partie vérifié sur le terrain, longueur idem (mesure 7,20), par contre hauteur différente (+ grande), mais problème du sol origine de la mesure : cela voudrait-il dire que le sol devant le moulin était plus haut, à hauteur de la porte fenêtre ? Largeur non mesurée pour l’instant.