Saint Budoc
Plourin a pour patron Saint Budoc. Azenor était fille d’Even, comte de Lesneven. D’une éducation parfaite et très belle Azenor épousa le comte de Treguer et Goelo, roi de Brest ( ?) vers 537.
Devenu veuf deux ans après, le comte d’Even se remaria. Et la marâtre, jurant la perte d’Azenor, écrivit une lettre au comte de Goelo accusant son épouse d’adultère.
Le comte fit enfermer Azenor dans une tour du château de Brest. Azenor échappa au bûcher parce qu’elle était enceinte. Elle fut enfermée dans un tonneau et jetée à la mer.
Le tonneau livré aux vents et aux flots errait à l’aventure. Chaque jour un ange apportait le nécessaire à Azenor pour sa survie. Après 5 mois le tonneau accosta au rivage de Beauport en Irlande 3 jours après la naissance de l’enfant. Dieu lui ayant donné la parole dès sa naissance, sa mère le destina à Dieu. Il fut baptisé Buzeux ou Budoc qui signifierait sauvé des eaux.
La marâtre ayant avoué son crime sur son lit de mort, le comte se mit à la recherche de son épouse et finir par la découvrir à Beauport où il mourut, épuisé de chagrin. Azenor termina ses jours à Beauport.
Saint Budoc devint abbé de Beauport. Puis par inspiration divine décida de passer en Bretagne armoricaine. Il s’embarqua dans une auge en pierre qui lui servait de lit et vint aborder à Porspoder où il construisit ermitage et église.
Mais gêné par le bruit de la mer et de nombreux quémandeurs de miracles, il chargea son auge sur une charrette attelée de deux bœufs qu’il laisse errer à la grâce de Dieu. Rendue à Plourin la charrette se brisa et à cet emplacement Saint Budoc fonda un oratoire sur l’emplacement duquel serait bâtie l’église de Plourin. Il commença à convertir les habitants. C’était vers 585.
Quelques années après il devint Archevêque de Dol où il remplaça Saint Magloire.
En 608 sentant sa fin venir, Saint Budoc ordonna à son aumônier Hydultus de lui couper le bras droit après sa mort et de le porter à Plourin. Mais un soir dans une auberge où il s’était arrêté, à Briech dans le diocèse de Vannes, un miracle s’étant opéré par l’intercession de la relique, le curé de l’endroit s’en empara et ne voulut pas la rendre. Désolé Hydultus demanda la faveur de pouvoir l’embrasser avant son départ. Il fit donc ses prières et d’un seul coup attrapa entre ses dents le second et le troisième doigt de la main et les mordit si serrés qu’il les coupa et les emporta à Plourin où ces saintes reliques furent enchâssées et conservées avec soin dans un bras d’argent.
Elles avaient la réputation, si quelqu’un faisait un faux serment en jurant par elles, de ne pas laisser une année s’écouler sans châtier l’odieux parjure.
Une partie des trésors de Plourin a été exposée dans la chapelle Saint Roch lors de l’ouverture au public l’été 2018 : le reliquaire en argent, le calice et la patène.
Mais il existe d’autres « trésors » dont nous ne savons trop où ils se trouvent, attestés par un descriptif déjà ancien :
- sur le tailloir d’un des piliers de la nef de l’ancienne église romane se lisait une inscription qui a exercé et mis en défaut la sagacité des paléographes.
- le transept nord avait des meneaux en lancette et celui du midi une rosace rayonnante.
- on remarquait aussi une fenêtre rectangulaire à meneaux trilobés, et les meneaux perpendiculaires de la maîtresse vitre.
- les armoiries des Autret timbraient une porte latérale et celles des Kergariou ( ou Kergadiou ?) une console à droite de l’arc triomphal du chœur.
Du mobilier de l’ancienne église on conserve encore un Saint Budoc en abbé, une Vierge-Mère archaïque, un Saint Sébastien, et dans le transept, sur l’autel nord, les quatre personnages d’un retable du Rosaire : la Saint Vierge portant l’Enfant Jésus, Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne. Ces personnages, en haut relief, paraissent de la fin du 17ème.
Le maître-autel moderne conserve 5 panneaux anciens en bas-reliefs.
Dans le chœur il y a une statue en pierre de Sainte Catherine.L’ovale du visage, l’ampleur des plis du vêtement, les chaussures à bouts pointus, semblent indiquer le 15ème siècle.
Sur le socle d’une Pietà est sculpté un écusson mi-parti d’un lion et d’un croissant accompagné de trois coquilles, attribué par Paul de Courcy à un sieur de Keruzaouen du nom de Pilguen époux d’une Le Moyne.
La Pietà est aujourd’hui hors de l’église, dans l’enclos paroissial.
La 5 panneaux de la chaire à prêcher du 18ème retracent les scènes de la vie de Saint Budoc et d’Azénor :
- Azénor enfermée au château de Brest
- Azénor jetée à la mer dans un tonneau
- Saint Budoc en archevêque chapé et mitré a derrière lui la croix pastorale à double croisillon. Au fond une petite chapelle. Dans un coin au premier plan le tonneau légendaire.
- Un ange veille sur le tonneau où est enfermée Azénor
- Azénor tenant entre ses bras son fils, Saint Budoc, aborde aux côtes d’Irlande.
Dans un coin du cimetière, contre le pignon de l’ancien ossuaire transformé en chapelle de la Sainte-Famille ou de Sainte-Anne, est déposée une des cuves gothiques de l’ancien baptistère ; l’autre semble avoir disparu. Celle qui subsiste est à huit pans, ornée, sur chacune de ses faces, de feuilles de trèfle encadrées dans un trilobe en forme de branchages.
Espérons que la réouverture de l’Eglise permettra au public d’admirer ces trésors encore en place, et aux chercheurs de retrouver ceux qui pourraient avoir été égarés.
Muriel