Les manoirs bretons

Le mot manoir-maner apparaît au 12ème siècle (fortifications existant au 11ème).
manere en latin, maneir en celte, maner en breton
maner en breton : « maison de noblesse » puis par extension unité d’exploitation agricole ;
d’ailleurs le toponyme en KER : « lieu habité et cultivé ».

Petit historique

Les manoirs sont mentionnés pour la première fois au début du 15ème
11000 à 14000manoirs au 15ème en Bretagne, densité la plus élevée d’Europe
Entre l’Aber Benoît et l’Aber Ildut 115 manoirs recensés, dont 24 à Plourin
sachant qu’en 1440 dans le Léon on a une moyenne de 16 manoirs par paroisse.

Le modèle médiéval prédomine : appareil militaire avec tour, mâchicoulis, meurtrières, avec une évolution vers la Renaissance. Les manoirs restent signe de noblesse et de tradition tout au long de la période.

La plupart des manoirs donc remontent au 15ème siècle et connaissent leur essor après la Guerre de Succession de Bretagne quand Jean IV rend hommage au roi de France (1381).

Les Guerre de 100Ans, guerre de Succession, guerres de la Ligue (1588-1598) et les brigands et pillards en tous genres prouvent la nécessité de tout l’appareil militaire des manoirs pour assurer une protection armée : mur d’enceinte parfois crénelé, tours, échauguettes, bretèches, emplacements de tir.
La reconstruction d’édifices antérieurs avec cette fonction défensive évidente va de pair avec un renouveau démographique, et de grands défrichements, les manoirs prenant alors une importante fonction agricole et économique ; le manoir devient l’élément central de l’espace rural, comme l’était la villa romaine.

Fonctions du manoir

Le manoir s’attibue 3 fonctions principales.

  • Fonction défensive
  • Fonction agricole et économique
  • Fonction symbolique aussi : les manoirs montrent la supériorité du seigneur par l’importance des bâtiments (dont les tours), des armoiries et des blasons, des chapelles, des pigeonniers ou colombiers, de l’ornementation architecturale. C’est une époque de symboles et d’images où aucun détail n’est gratuit, car ils représentent la possession et le statut social.

Le manoir, lieu de pouvoir concédé par une autorité féodale, est donc bien un ensemble foncier de valorisation directe ou indirecte, comprenant un domaine noble, une habitation avec ses dépendances, et des prérogatives sociales et économiques.

Les atouts du manoir :

a) géographiques : sur une butte, près d’un cours d’eau
b) commercial et économique : près des Abers, près de la mer
c) techniques grâce aux moulins à eau, fin du 14ème siècle jusqu’au 19ème ; aux moulins à vent plus tardifs (17ème) ; pour moudre la farine pour le pain ; et aussi au 15èmepour le lin et la fabrication des toiles
d) juridiques et politiques. La noblesse bénéficiait :

  • d’exemptions d’impôts, le fouage, lourd impôt foncier (contre le droit du sang) et très tôt les nobles essaient de faire bénéficier de cette franchise le métayer principal installé au manoir ou dont l’exploitation le jouxte
  • du droit de posséder garenne, pigeonnier, moulin, chapelle
  • Tous ces atouts se retrouvent à Kerenneur.

Composition d’un manoir

Le manoir comprend :

  • le logis du seigneur et de sa famille : les seigneurs résidaient souvent dans les manoirs et connaissaient leurs terres dont ils surveillaient la mise en valeur
  • les dépendances : écurie, étables, grange, four à pain ; ces dépendances forment le retour d’aile du logis autour d’une cour fermée et pavée
  • les dépendances seigneuriales : moulin, colombier, chapelle ; en général le moulin d’abord, celui qui a le plus de « rapport » ; puis le colombier ou pigeonnier pour une meilleure nourriture du seigneur et pour le prestige ; la chapelle : seuls les plus importants ont une chapelle.

Sur 115 manoirs recensés entre l’Aber Benoît et l’Aber Ildut, 20 seulement ont les trois : moulin, pigeonnier, chapelle, dont Kerenneur qui avait 3 moulins !
Leur taille varie de 5 à 20 ha ; Kerenneur en avait 25.

Saut dans le temps : d’après les recensements de Plourin de 1836 et les suivants, on constate que de 25 à 30 personnes vivaient entre Kerenneur Coz (le manoir) et Kerenneur Nevez (la métairie).
Il y avait évidemment de nombreuses relations et alliances entre les deux : Yves Lainé de Kerenneur Coz et Guillaume Kermorgant de Kerenneur Nevez, beaux-frères, et riches paysans, achètent en 1799 Kerenneur aux derniers descendants nobles.